Pratique ou théorie ?
La première étape a été d’informer de la création des jardins et de susciter un engouement
autour. Un tableau de semence a été installé dans les locaux afin que les résidents puissent
choisir ce qu’ils aimeraient planter dans ces jardins. Au début, nous avons eu du mal à cerner
les envies de chacun. Valoriser les savoirs des personnes nécessite un travail long notamment
pour contourner l’auto-censure des résidents qui n’ont quasiment jamais eu l’occasion de
parler de leur activité d’agriculteur et d’éleveur en France. Depuis le début du projet, les
résidents ne cessaient de dire qu’ils ne savaient pas faire et qu’ils avaient tout à apprendre.
C’est quand nous avons commencé à proposer des activités manuelles, à faire concrètement
les choses, que la parole s’est libérée. Quand il a fallu mettre la main dans la terre et planter,
il a suffi de voir leur geste pour voir qu’ils ont l’habitude de cultiver. Combien de graines,
quel taux d’humidité, quelle lumière, quelle chaleur, ce sont des données qu’ils maitrisent.
S’ils n’ont jamais entendu parler de permaculture, ils proposent pourtant des associations
adaptées. Sans jamais parler d’agriculture biologique, c’est ce qu’ils font naturellement.