Pourquoi l’insertion de personnes exilées dans l’agriculture se solde souvent par un échec
Contrairement au Réseau Cocagne ou aux structures de l’Insertion par l’Activité Economique (IAE), Vergers du Monde n’a pas vocation à faire de l’insertion professionnelle. Mais il faut parfois un temps long pour permettre aux agriculteurs locaux et exilés d’exprimer et de partager leurs savoirs. Un CDD ou un CDI peut alors sembler opportun, en répondant par la même occasion aux besoins de recrutement des uns et aux nécessités financières des autres. Sauf que, l’équation n’est pas aussi simple. Retour sur le cas de Stéphane et de Kakajan.
Le top 4 des raisons de cet échec :
La mobilité : la Verger de Stéphane était loin d’une grande ville. Même si nous avons fait le maximum pour alléger cette pénibilité (appui au permis de conduire, covoiturage, train, etc), sur le long terme et pendant l’hiver, ça a fini par devenir usant pour Kakajan.
La langue : Kakajan était très enclin à apprendre le français et parlait avec une grande fluidité. Malgré ça, l’isolement géographique propre aux zones rurales, mêlé à un isolement culturel dans lequel on ne parle jamais sa langue maternelle, génère un effort permanent. Au bout de quelques mois, c’était également devenu une source de fatigue supplémentaire, en plus du travail quotidien sur l’exploitation.
Des rémunérations moins élevées que dans d’autres secteurs en tension en ville : lorsque vous combinez les raisons 1 et 2, les offres d’emploi en villes semblent alors moins compliquées en terme d’organisation. Avec les transports en commun, il est parfois possible de cumuler plusieurs emplois en même temps, dans le bâtiment, la restauration ou les métiers de la livraison et de la logistique des nouvelles plateformes Uber et Amazon.
L’alignement personnel et professionnel : c’est une erreur que de vouloir projeter nos propres perceptions du monde du travail sur autrui. En Occident, face à une situation économique et écologique catastrophique, les nouvelles générations cherchent un sens à leur activité quotidienne. Or, beaucoup de personnes exilées ayant fui la guerre ou la misère n’ont pas nécessairement ce même rapport au travail, qu’elles considèrent avant tout comme une solution économique à leur situation. Ainsi, c'est souvent le critère financier qui finit par l'emporter, au détriment de l’agriculture.
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