La transmission d’un patrimoine immatériel par les femmes

 

Aux centres sociaux et culturels de l’ESGO à Nevers et Europe à Colombes, nous avons fait la rencontre de femmes issues des quatre coins du monde, toute génération confondue. A notre grande surprise, un domaine précis de l’agriculture est systématique revenu : l’usage thérapeutique et alimentaire des plantes.

 

Alors que les hommes sont souvent assignés aux travaux agricoles et à l'élevage, les femmes jouent un rôle crucial dans la préservation des connaissances botaniques, comme le laisse entendre l’expression les remèdes de grands-mères. Dans le cas des Mascareignes, ces savoirs étaient autrefois transmis horizontalement de mère à fille ou de grand-mère à petite-fille (source), mais ils sont aujourd’hui en danger en raison de l'urbanisation et de la perte de valeurs liées à la nature.

 

Au Café des connaissances de l’ESGO à Nevers, au sein d’un quartier prioritaire, les femmes se retrouvent chaque mardi pour partager un moment convivial. Ce jour-là, Camille présente Vergers du monde à une dizaine de participantes nivernaises de souche et de cœur. Evelyne, les Martines, Françoise, Nicole racontent leur rapport à la terre depuis l’enfance, les souvenirs des techniques de jardinage et d’élevage utilisées par leurs parents et grands-parents. Gloria, Rita et Angélique évoquent l’utilisation de toutes les parties des plantes : “Chez nous, en Angola ou à Madagascar, on ne jette rien, on utilise aussi les feuilles, pas seulement les fruits!”. Nous renouvellerons l’expérience quelques mois plus tard, dans un centre social et culturel francilien, auprès de trente participantes. Et, avec le même sentiment d’avoir collecté un trésor, nous repartirons avec une liste de recettes traditionnelles du Mexique, d’Algérie, de Tunisie ou d’Arménie, pouvant soigner différents maux.

 

Ces moments nous ont étonnés autant qu'ils nous ont touchés. Quel rôle les femmes jouent-elles dans la préservation de ce patrimoine immatériel? Sur notre chemin, nous avons rencontré une personne qui semble avoir saisi tout l’enjeu de cette transmission menacée. D’origine malienne, Koudieji a créé la marque d’infusions Ôkandi, visant à mettre en lumière les bienfaits du vetiver, une plante herbacée cultivée au Mali pour ses racines au parfum riche et terreux. C'est de sa mère que Koudieji a hérité son savoir, et elle est déterminée à le préserver et à le partager à son tour.

 

Retrouvez plus d’informations sur Ôkandi par ici.

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