Quand les savoirs paysans voyagent : migrants, transition agroécologique et enjeux de reconnaissance
Notre association accueille depuis décembre 2023 une doctorante, Charlotte Secco, qui fait une recherche sur la valorisation des savoirs agricoles des personnes migrantes dans l’agriculture française et les canaux de transmission de ces mêmes savoirs. Charlotte suit toutes les activités de Vergers du monde et part également à la rencontre d’initiatives paysannes ouvertes aux échanges. Après plus d’un an et demie de recherche, Charlotte a eu l’occasion de partager ses premiers résultats lors du 11e congrès de l’Association Française de Sociologie. Cette onzième édition avait lieu du 8 au 11 juillet 2025 à l’Université Jean Jaurès de Toulouse dont le thème général était « Environnement(s) & inégalités ».
Charlotte est intervenue au près du réseau thématique Sciences et techniques en société, dans l’axe : « controverses et hiérarchisation des savoirs autour des enjeux environnementaux ». Sa communication, intitulée « L’invisibilisation des savoirs agricoles des personnes migrantes : enjeu autour de la valorisation des savoirs paysans » a permis d’explorer pourquoi les savoirs agricoles des personnes migrantes sont si peu valorisées dans les réflexions autour de la transition de l’agriculture.
Alors que les savoirs paysans ont connu un bon de reconnaissance dans les projets de développement durable, ceux qui se sont déplacés avec les migrations humaines sont invisibilisés. Cette invisibilisation s’explique par une pudeur des personnes migrantes vis-à-vis de leurs connaissances qu’elles jugent moindre que les savoirs théoriques de leurs interlocuteurs, mais également par le très difficile accès à la terre.
Ainsi, les personnes migrantes qui peuvent avoir des connaissances riches en termes de climat arides, de conditions climatiques hostiles, et de variétés diversifiées, ne sont pas associées aux réflexions et aux actions autour des enjeux environnementaux. Ces absences représentent une perte en termes d’échanges et d’expérimentation. La communication s’est ouverte sur le besoin de reconnaître ces savoirs en évitant tout processus d’appropriation.
Cette présentation a permis des échanges enrichissants sur la question de la place des personnes migrantes dans l’agriculture et dans les réflexions autour de la transition. C’était une occasion de discuter de la question du rôle de la circulation dans un contexte d’urgence climatique.